En route pour le Liban
Le 24 décembre 1903, deux Sœurs de la Charité, Sœur Marie-Laurentie Bletry et Sœur Raphaël Perrot, embarquent sur le « Congo » pour se rendre au Liban, via Naples, Alexandrie, Jaffa. Elles partent de Besançon en vue d’ouvrir un pensionnat-orphelinat à Damour, au Liban, à la demande d’un prêtre libanais, le Père Tobie. Elles se rendent compte sur place des conditions dans lesquelles elles peuvent installer cet orphelinat et une communauté religieuse.
Premier départ pour un pays lointain
Quitter son pays, sa communauté ne va pas sans déchirement. « Toutefois nous avons cette certitude d’accomplir la volonté divine et rien n’est amer quand on se sent soutenu par la main du Père des cieux » écrit Sœur Marie Laurentie.
Débuts difficiles
De rite latin, les deux sœurs dépendent du Délégué Apostolique pour la Propagande dont le siège est à Rome ; mais le Liban est organisé en Patriarcats maronites. La fondation d’un établissement dans un territoire de mission obéissait à une procédure stricte et complexe. De plus, les Instituts religieux au Liban sont déjà très nombreux et bien implantés, surtout dans la région de Beyrouth, la capitale.
La première fondation envisagée est interdite.
Quatre mois d’attente, de démarches, de recherche…
Rencontre providentielle
Elles rencontrent à Beyrouth Monsieur Vié, Directeur des Postes français, et originaire du haut –Saône, non loin de Besançon. Il connaît bien les Sœurs de la Charité, et il promet son aide aux deux religieuses franc-comtoises : il a de nombreuses relations dans le milieu français de Beyrouth, et connaît personnellement le secrétaire de Mgr Duval, Délégué Apostolique. Il parle donc en leur faveur au Consulat et à la Délégation.
Mgr Duval donne alors son autorisation le 5 avril 1904.
Enfin, Beskinta !
Un Père Lazariste, le Père Ouannes, d’origine arménienne, connaît bien les besoins des populations locales et conduit les deux religieuses dans le village de Beskinta, du diocèse maronite de Damas.
Les religieuses s’installent, au mois de mai 1904, dans cette région montagneuse du Metn, dans la chaîne du Mont Liban. C’est une région verdoyante occupée par des bois de pins et de cèdres millénaires. La culture d’arbres fruitiers et l’élevage du ver à soie constituent l’activité principale des habitants de cette région.
La population se montre très bienveillante et accueillante à l’égard des sœurs. Le Père Abou-Nader leur donne un terrain pour qu’elles puissent se faire construire une maison. En attendant, la paroisse leur en prête une, où elles habitent jusqu’en juillet 1905, date à laquelle les travaux peuvent commencer.
Le premier établissement missionnaire
Le 30 mai 1904, l’établissement de Beskinta débute ses activités avec cinq sœurs. En effet, le 17 mai, Mère Marie-Anna amène avec elle au Liban Sœur Octavien, Sœur Anastasie et Sœur Fidélia.
Cette œuvre comprend un pensionnat, des écoles externes gratuites, d’autres payantes, une pharmacie et un dispensaire.
Semer en bonne terre…
Mais la situation reste précaire. L’autorisation officielle ne viendra de Rome que le 21 juin 1904. De plus, les conditions de vie s’avèrent difficiles : moyens d’accès malaisés dans cette région montagneuse, hiver 1904-1905 particulièrement rigoureux…
Si les commencements furent hérissés de difficultés et arrosés de larmes, le terreau fertile de la prière et de la confiance, le soutien inconditionnel des Supérieures de Besançon, ont permis à cette région d’Orient de voir se multiplier et prospérer ses établissements.
Depuis 1904 cette Institution des Sœurs de la Charité de Sainte Jeanne-Antide de Besançon constituait une référence importante pour les habitants de Baskinta et les villages avoisinants qui la considèrent comme acteur principal favorisant le développement de la région. En 1961 les sœurs ont eu le permis d’ouvrir de l’école gratuite (primaire), en 1964 celui de l’école technique et de l’Institution Sociale et en 1969 celui de l’école payante (complémentaire).
Actuellement l’institution de Saint Vincent des Sœurs de la Charité Baskinta comporte :
- Une branche académique jusqu’à la EB9 dont le cycle primaire est subventionné par le Ministère de l’Éducation
- Une branche technique subventionnée par le Ministère des affaires sociales
- Brevet professionnel : secrétariat et cuisine
- Baccalauréat technique : Informatique et comptabilité
- Un internat pour les filles, subventionné par le Ministère des affaires sociales.
Tiré du livre. Aux origines
De la charité en « Orient».